En France, l’extrême droite est aux portes du pouvoir, et la justice à Nouméa jette en prison onze indépendantistes kanaks. Sept d’entre eux sont aussitôt transférés à 17 000 kilomètres de chez eux et l’on ouvre une enquête sur des chefs d’accusation intimidants : association de malfaiteurs, vols avec armes en bande organisée, complicité par instigation de meurtres ou tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique… Lorsqu’il y a quelques jours, on interrogeait le procureur Yves Dupas sur les indices ayant autorisé à mener cette opération, il répondait évasivement : «C’est une seconde phase de l’enquête qui commence, qui a commencé hier, avec bien évidemment la place aux auditions des personnes qui sont soupçonnées, contre lesquelles certains indices concordants peuvent effectivement émerger dans ce dossier.»
Le ton est donné, mais le journaliste s’impatiente, l’interrompt, et lui demande de nouveau : «Mais vous avez glané des éléments au cours de l’enquête ?» Le procureur répète alors en trébuchant sur les mots ce qu’il vient déjà de nous dire, sans confirmer l’existence du moindre élément de preuve, du moindre indice. On éprouve à l’écoute de ces balbutiements l’impression pénible qu’il n’existe même pas d’indices co