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TRIBUNE

En politique, serrer ou ne pas serrer la main, telle est la question

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Plusieurs députés insoumis ont refusé le 18 juillet de serrer la main à deux jeunes élus RN et LR alliés du RN. Ils ont été taxés d’incivilité, entre autres par Emmanuel Macron. Ce geste à l’histoire longue réactive, au contraire, un sens profond du désaccord politique, explique la spécialiste Sarah Rey, maîtresse de conférences en histoire antique à l’université de Valenciennes.
La rencontre entre l'ambassadeur romain Popillius et le roi Antiochus, en Egypte (gravure du XVIIIe siècle). (Getty Images)
par Sarah Rey, historienne, maîtresse de conférences à l’université de Valenciennes
publié le 25 juillet 2024 à 10h06

Le 18 juillet dernier, un nouveau président de l’Assemblée nationale devait être élu. Comme le veut la tradition parlementaire, les deux plus jeunes députés du Palais-Bourbon, âgés l’un de 22 ans et l’autre de 24 ans, Flavien Termet (RN), puis Hanane Mansouri (LR-RN) étaient placés près de l’urne où les députés sont venus à tour de rôle déposer leur bulletin. C’est alors que certains des élus montés à la tribune ont refusé de leur serrer la main. Parmi eux, des représentants de La France insoumise (LFI) comme Antoine Léaument, Sophia Chikirou, Louis Boyard, mais aussi l’écologiste Sandrine Rousseau ou l’ex-ministre Agnès Pannier-Runacher de Renaissance. Cet épisode en rappelle un autre, similaire, survenu en 2012, quand Gérald Darmanin, Eric Ciotti, Carole Delga et d’autres avaient refusé de serrer la main de Marion Maréchal, alors benjamine de l’Assemblée.

Se serrer la main droite : le geste est ancien. On le pratiquait déjà dans l’Antiquité perse, grecque, romaine. A Rome, on l’appelait la «réunion des mains droites», la dextrarum iunctio. La poignée de main romaine n’était pas aussi fréquente que de nos jours et s’effectuait de manière assez statique, sans le mouvement ondulatoire qu’on lui imprime aujourd’hui. Pendant leurs campagnes, les candidats en toge blanche s