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Libération
D’un monde à l’autre 

Eté 1945 : Hiroshima et Nagasaki ou la stratégie américaine de faire la guerre tout en prônant la paix, par Michael Lucken

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Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, «Libération» revient sur ce moment charnière (2/5). Alors qu’au printemps, les Etats-Unis ont frappé l’Iran tout en plaidant la fin des hostilités, l’historien souligne comme ces deux attitudes en apparence contradictoires étaient déjà à l’œuvre face au Japon.
«J’ai vu cette scène calamiteuse sur le pont Sumiyoshi depuis le côté ouest de Funairi-saiwai-cho le 6 août 1945», explique l’auteur du dessin, Yoshie Michida, survivant de la bombe. (Coll Hiroshima Peace Memorial Museum)
par Michael Lucken, historien du Japon, professeur à l’Inalco
publié le 17 août 2025 à 13h05

Entre juin et septembre 1945, les Français fêtent enfin la paix. Le visage de la France change, tout comme celui du monde avec l’esquisse d’un nouvel ordre mondial. Du bombardement d’Hiroshima à l’indépendance du Vietnam, retour sur un été pas comme les autres avec les historien·nes Michelle Perrot, Bénédicte Vergez-Chaignon et Michael Lucken, l’écrivaine Line Papin et l’ex-secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent.

En juin 2025, au moment de l’intervention américaine pour détruire les installations nucléaires iraniennes, Donald Trump poste sur les réseaux sociaux deux messages dont la logique est difficile à saisir. D’un côté, il lance le 17 un appel à la «capitulation sans condition» du régime des mollahs. De l’autre, il se dépêche, sitôt les frappes effectuées, de proclamer que «le temps de la paix est maintenant venu», alors même qu’à Téhéran le pouvoir n’a rien cédé. A une prise de position spectaculairement martiale répondent des airs de colombe. Toutefois, si l’effet qui se dégage de cette séquence est