Au printemps dernier, environ 20 millions d’Ethiopiens avaient besoin d’une aide humanitaire d’urgence, soit le sixième environ de la population. Le nombre des victimes des guerres, des nettoyages ethniques, des pogroms, des conflits armés sur fond d’irrédentisme et de l’une des pires sécheresses depuis des décennies portaient l’Ethiopie au premier rang mondial des crises humanitaires. Ils sont aujourd’hui huit millions de plus.
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Les deux principaux pourvoyeurs d’aide, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont arrêté sans aucun préavis leurs opérations fin mars au Tigré, la région la plus septentrionale du pays, pourtant ravagée par deux ans de guerre civile et un blocus total. Les quatre cinquièmes des Tigréens y dépendent de l’aide. Début juin, ces deux organismes généralisaient cette suspension de l’aide à l’ensemble du pays, au motif d’«un détournement probablement à une échelle jamais vue, au moins dans l’histoire récente», «orchestré» par des officiels et des militaires éthiopiens, y compris de haut rang, selon une note interne.
Il est d’abord difficile d’admettre que deux organisations, avec des ramifications jusqu’au fin fond du pays, découvrent subitement «un mécanisme de détournement coordonné et criminel», sans signal d’alarme préalable et donc sans avoir pu prendre en amont des mesures correctives.
Une partie de l’aide finit toujours sur les marchés, en général à 2 % ou à 3 %. Des r