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TRIBUNE

Etudier et enseigner en prison en 2025, un sacerdoce d’un autre temps

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Salles indisponibles, difficulté à organiser les partiels, interdiction d’accès à Internet… alors que nombre de détenus tentent de poursuivre une formation ou des études, les moyens et le soutien politique manquent, regrette Jules Brunetti, président de l’association Albin.
Le 29 août 2022, à la maison d'arrêt de Laval, une école aménagée dans une ancienne cellule réhabilitée de 32 m². (Quentin Vernault/Hans Lucas pour Libération)
par Jules Brunetti, doctorant en droit public à l’Université Clermont Auvergne, fondateur de l’association Albin qui diffuse le savoir universitaire en détention
publié le 26 juin 2025 à 12h56

Le système carcéral français est à bout de souffle. La surpopulation carcérale explose, avec 62 570 places pour 83 681 détenus. Un tiers des personnes détenues présentent des troubles psychiques, dont 10 % relèvent de formes sévères. Etre incarcéré en France multiplie par neuf le risque de suicide, la moyenne étant d’un suicide tous les trois jours. Six détenus sur dix récidivent dans les cinq années suivant leur libération. Enfin, s’ajoutent la vétusté et l’insalubrité de nombreuses structures.

Penser qu’il s’agirait là d’une part légitime de la pénitence des condamnés est absurde : si l’écrasement carcéral suffisait à annihiler le délinquant, le modèle actuel aurait déjà fait ses preuves.

A qui profite cette ignorance ? A personne. Les rapports indiquent tous qu’en l’état actuel, la prison organise une peine dénuée d’utilité et donc de sens, tant pour le corps social que pour le détenu et les personnels chargés de l’exécution des peines. Personne ne peut raisonnablement se satisfaire de ces données, ni de dépenser tant d’argent public pour un résultat aussi vain que contreproductif.

«Activités ludiques»

Or, à en croire certains ministres, il faudrait «renforcer» et «interdire» toujours et davantage. A chaque nouvelle annonce, la communication se veut plus volontariste que la précédente. On pense au «veto clair» exprimé par Eric Dupond-Moretti, en réponse à la polémique suscitée par la simple captation vidéo d’une compétition sportive à Fresnes ; ou à la volonté de Gérald Darm