Lors des élections européennes de juin 2024, les citoyens décideront de notre avenir, en choisissant entre des visions parfois très différentes de la société et de notre être ensemble. Cet exercice périodique et concret des valeurs de la liberté et de la démocratie est possible précisément parce que toutes les familles politiques européennes placent ces valeurs au cœur de leur action.

En tant que scientifiques appartenant à des sociétés et institutions scientifiques européennes travaillant sur le climat et l’environnement, nous voudrions cependant souligner que la possibilité de choisir l’avenir de notre continent dépend aussi de la lutte contre la crise du climat et de la biodiversité : une crise qui a été annoncée par des décennies d’études et qui est maintenant malheureusement visible dans la vie de tous les jours.

L’inaction exposera en effet notre patrie à des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes, à une incertitude économique et alimentaire croissante, à l’inhabitabilité de parties entières du monde et à des conséquentes migrations massives, des pays voisins mais aussi entre les différentes régions d’Europe. Nous serons ainsi contraints à des politiques d’urgence, qui absorberont de plus en plus de ressources : finalement, nous serons privés de la capacité même de choisir librement notre chemin dans l’avenir.

Pour cette raison, nous appelons toutes les familles politiques européennes à signer un accord préélectoral multipartite dans lequel elles s’engagent à faire face à la crise du climat et de la biodiversité, en atteignant les objectifs scientifiquement nécessaires de décarbonisation et de conservation de la nature, clairement définis par la recherche scientifique.

Il s’agira non seulement d’ouvrir d’immenses espaces pour de nouveaux produits et de nouveaux services, en plaçant l’Union européenne à l’avant-garde des marchés internationaux, mais aussi de préserver l’originalité et la diversité mêmes de nos différentes familles politiques. Oui, car si les objectifs doivent être communs à tous, les instruments permettant d’atteindre ces objectifs peuvent être différents, à condition qu’ils soient scientifiquement adéquats – en effet, la tâche de la communauté scientifique est précisément d’offrir un large éventail d’instruments scientifiquement fondés et efficaces pour atteindre les objectifs en termes durables pour les citoyens européens.

C’est alors sur les différents instruments qui peuvent être adoptés que les familles politiques européennes pourront se diviser et se confronter, ce qui permettra aux citoyens de choisir consciemment la voie par laquelle l’Europe sortira de cette crise.

La signature de l’accord préélectoral permettra ainsi aux citoyens conscients de la crise climatique de choisir librement le projet de société le plus proche de leur sensibilité, sachant que chaque famille politique préservera l’avenir du continent. En revanche, les citoyens qui peinent encore à accepter le danger de la crise et la priorité de la transition, craignant ses coûts hypothétiques – ou parfois l’existence même de la crise, car ils redoutent l’imposition d’une pensée et d’une action uniques – seront rassurés par un débat sur les différentes solutions durables qui s’offrent à nous.

Enfin, l’accord sur des objectifs importants fournira aux familles politiques européennes un terrain d’entente précieux pour la période post-électorale, lorsqu’une coalition opérationnelle devra être formée à partir du composite paysage politique.

Nous proposons à toutes les familles politiques européennes de se retrouver le 3 mai à Venise, ville parmi les plus aimées des citoyens européens, et parmi les plus menacées par la crise climatique, pour signer l’accord : la communauté politique européenne a la tâche historique de sauver l’avenir, non seulement de l’Europe mais du monde entier, en raison du rôle phare que notre continent a assumé dans la lutte contre la crise. La communauté scientifique européenne veut être à la hauteur de l’événement, en remplissant pleinement son rôle de service et de conseil au profit des familles politiques européennes.

Avec confiance pour notre proche réunion historique à Venise.

Signataires : l’Alliance européenne pour la recherche sur le climat (ECRA), le Deutsches Klima Konsortium (DKK), la Société italienne pour les sciences du climat (SISC), le comité scientifique la Science au Vote (LSaV). Soutiens : des Verts (en France, Les Ecologistes), des Socialistes & Démocrates (PS), de Renew Europe (RE), de l’ECR (Reconquête).