«Malheureusement l’accumulation des incohérences et des tensions entre nos valeurs fondamentales et les réalités imposées par une vision marchande et étriquée de la politique de santé ont eu raison de mes capacités à supporter l’intolérable. […] Je rends ma blouse.» Le 8 mars, Marion Broucke, infirmière, annonce dans une chronique poignante qu’elle quitte une «profession-passion». L’hôpital est en crise. Applaudissements du confinement, assurances politiques, revalorisations financières, rien n’y fait. Les démissions se multiplient entraînant la fermeture de services entiers. La crise du Covid a dévoilé ce qu’on ne nommait pas : notre modèle de soin n’est plus le bon, il arrive dans le mur de la financiarisation, de la logique de la performance et du tout économique.
Depuis plus de vingt ans, au fond de la cale du système, je travaille dans une équipe qui accompagne des patients en soins palliatifs dans l’Aude. Je suis également présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs qui réunit 10 000 professionnels et 6 000 bénévoles de soins palliatifs.
Cette double focale allie la médecine dans un établissement situé au plus profond des «territoires» et une vision globale de la situation des soignants de toutes professions.
Eloge du regard, de la parole, de la science
Jamais notre système de santé ne s’est trouvé dans une si grande f