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TRIBUNE

Face à la mortalité infantile, la France ne peut plus détourner le regard

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Dans un silence coupable, la proportion de bébés mourant avant 1 an ne cesse d’augmenter. Il faut mettre en place d’urgence un registre des naissances afin d’identifier les failles et instaurer les politiques publiques adaptées, préconisent les journalistes spécialisés Anthony Cortes et Sébastien Leurquin soutenus par des soignants.
En 2019, au service de réanimation pédiatrique de l'hôpital Trousseau, à Paris. (Marin Driguez/Vu pour Libération)
par Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, journalistes
publié le 15 mars 2025 à 11h50

En 2024, 663 000 enfants sont nés en France. Parmi eux, 2 800 bébés ont perdu la vie avant même leur premier anniversaire. Dont 70 % au cours de leurs 28 premiers jours. Avec un taux de mortalité infantile atteignant désormais 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes, notre pays se classe tout en bas de l’échelle européenne : 23e sur 27, entre la Pologne et la Bulgarie.

Ce triste phénomène n’est pas nouveau. Depuis 2020, année où le taux de mortalité infantile était de 3,5 pour 1 000, la hausse est constante : 3,6 en 2021, 3,9 en 2023 et 4,1 en 2024… Dans un silence coupable, des bébés meurent. Sans qu’aucune réponse à la hauteur des enjeux ne soit apportée pour améliorer durablement la santé des femmes et des enfants. Et ce malgré les alertes de soignants, de chercheurs et de différents travaux parlementaires.

Des petites structures sous-dotées aux usines à bébés

Les raisons de cette crise sont nombreuses. En premier lieu, il convient de revoir le maillage territorial. D’un côté, nous avons de petites maternités (publiques ou privées) souvent sous-dotées qui peinent à assurer la triple permanence des soins. Alors qu’en parallèle, les services des grands hôpitaux publics, chargés de pallier la fermeture des petites structures, sont surchargés. Au point d’être surnommés «usine