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TRIBUNE

Face aux crises climatique et écologique, les politiques publiques ne peuvent plus ignorer les savoirs scientifiques

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La biodiversitédossier
Alors que la faillite de la gouvernance climatique s’expose avec une forme d’indécence à la COP28, nous, scientifiques ne voulons pas participer au mirage toxique du techno-solutionnisme : manipuler le vivant et les grands équilibres de la planète n’est pas une solution mais bien le problème, rappellent Jérôme Santolini, chercheur en sciences du vivant et l’écologue Wolfgang Cramer.
Le bateau-citerne «Lalla Fatma N'Soumer» en cours de déchargement et livrant du gaz naturel liquéfié, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), le 22 juin 2023. (Clément Mahoudeau/AFP)
par Jérôme Santolini, Chercheur en sciences du vivant et Wolfgang Cramer, Ecologue et géographe, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique à l'Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale à Aix-en-Provence
publié le 6 décembre 2023 à 3h04

L’anthropocène – l’ère géologique qui voit une partie de l’humanité transformer, voire détruire, profondément l’environnement – est une période de crise qui nous force à prendre conscience de notre milieu de vie et à questionner notre rapport au monde et à nos modèles de société. Les savoirs essentiels pour comprendre le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui existent, ils émanent de multiples disciplines et peuvent aider à construire collectivement le monde de demain en repensant l’organisation de nos lieux de vie, notre mobilité, notre alimentation, etc. Depuis des décennies les scientifiques alertent sur les limites planétaires et l’exploitation effrénée des ressources naturelles qui sont à l’origine des crises climatiques, écologiques, sociales, sanitaires. La surconsommation d’une petite partie de la population humaine est en train de détruire nos écosystèmes naturels et de menacer la fondation même d’une vie saine et digne pour toute la population humaine.

En miroir de cette crise, de nouvelles sciences plus terrestres, comme la climatologie ou l’écologie, mais aussi l’anthropologie, l’épidémiologie sociale… renouvellent notre rapport au monde, enrichissent notre compréhension des phénomènes notamment des crises auxquelles nous sommes confrontés. De nouvelles approches interdisciplinaires et situées permettent de mieux appréhender la complexité de la situation, les multiples dimensions des problèmes et enjeux de la crise.

Pour donner un exemple, le lien entre l’utilis