Donald Trump aux Etats-Unis, Vladimir Poutine en Russie, Xi Jinping en Chine, Javier Milei en Argentine… Michel Foucault parlerait d’une démultiplication de la «souveraineté grotesque». Dans son cours sur les Anormaux, au Collège de France (1974-1975), il s’exprimait en ces termes : «Le grotesque, ou, si vous voulez, l’ubuesque, ce n’est pas simplement une catégorie d’injures, […] on devrait, en tout cas, définir une catégorie précise de l’analyse historico-politique, qui serait la catégorie du grotesque ou de l’ubuesque. La terreur ubuesque, la souveraineté grotesque ou, en d’autres termes plus austères, la maximalisation des effets de pouvoir à partir de la disqualification de celui qui les produit : ceci, je crois, n’est pas un accident dans l’histoire du pouvoir, ce n’est pas un raté de la mécanique. Il me semble que c’est l’un des rouages qui font partie inhérente des mécanismes du pouvoir.»
Autrement dit, la «souveraineté grotesque» n’est pas une anomalie ponctuelle, mais une composante structurelle du pouvoir, révélant comment certains dirigeants, en assumant ouvertement un caractère outrancier ou absurde, parviennent paradoxalement à renforcer leur domination. Aujourd’hui encore, cette analyse éclaire particulièrement les dérives populistes ou autoritaires qui menacent l’Etat de droit dans diverses régions du monde. Des dirigeants, en jouant sciemment sur la provocation, le spectacle ou la confusion entre réalité et fiction, parviennent à n