L’entreprise est une actrice paradoxale de nos sociétés. Elle est en effet, dans sa vision libérale, avant tout une citoyenne «invisible», dont le rôle serait uniquement de maximiser la valeur créée. Sa responsabilité serait ainsi diluée, réduite bien souvent à une maîtrise timide de ses externalités au travers de sa politique RSE (la responsabilité sociale des entreprises). Et pourtant, l’entreprise est le lieu où aujourd’hui, beaucoup se joue. C’est au sein de l’entreprise que se structurent et se reproduisent des inégalités sociales fortes, limitant l’émancipation de beaucoup. Quand on sait que 100 entreprises sont responsables de 70 % des émissions mondiales, on peut honnêtement dire que l’économie a une responsabilité environnementale.
Il est donc temps de reconnaître que l’objet de l’entreprise dépasse le cadre de son activité, et qu’elle doit accepter un nouveau rôle en agissant comme une citoyenne active et responsable. Il est temps d’en finir avec l’idée d’une neutralité en économie et en finance.
Partage du pouvoir et de la richesse
Cela passera, évidemment, par une reconfiguration de l’organisation interne de l’entreprise. Cette dernière ne peut plus faire l’économie d’un réel partage du pouvoir, et doit intégrer ses salariés et ses parties prenantes à sa gouvernance. Elle doit également se battre concrètement contre les inégalités sociales, avec un partage de la richesse comprenant une