Je n’ai pas de CV / Reconnaître deux yeux/ Mystérieux/ Et je crois/ Je n’ai pas d’histoire/ Une/ Claire/ Pour qu’un étranger la croie. Et il croit./ Je n’ai pas de caractéristique physique définie/ Voler/ En dehors de cette gravité/ Et je crois./ Peut-être que j’annonce ma mort maintenant/ Avant que la personne en face de moi ne charge/ Son fusil de tireur d’élite/ Et termine son travail./ Pour que je finisse./ Silence.
Ce sont les mots de Fatma Hassouna (Fatem pour les intimes), le début d’un long poème s’intitulant l’Homme qui portait ses yeux.
Un poème qui sent le soufre, sent la mort déjà, mais qui est plein de vie aussi, comme était Fatem, jusqu’à ce matin du 16 avril, avant qu’une bombe israélienne ne la fauche, elle et toute sa famille, réduisant leur maison familiale en poussière.
Elle venait juste d’avoir 25 ans. Je l’avais connue au hasard d’une présentation par un ami palestinien au Caire, alors que je cherchais désespérément le moyen de me rendre à Gaza, me heurtant à des routes bloquées. Je cherchais une réponse à une question à la fois simple et complexe. Comment tient-on sous le siège ? Comment vit-on sous les bombes ? Moi qui venais de finir mon film la Sirène, parlant de la guerre Irak-Iran, qui avait un goût lointain des ondes de choc d’explosion, je voulais savoir ce que les Gazaouis vivaient. Une réponse que je ne trouvais pas à travers les nouvelles, dans les médias. Je voulais être là-bas. Mais mon passeport de Française née en Iran, l’administratio