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Libération
TRIBUNE

Faut-il débrancher WhatsApp ?

Le message d’un père de famille assumant de quitter le groupe familial a été vu plus de 15 millions de fois. Vecteur de lien social ou brouhaha invasif ? Les réponses de l’écrivain Clément Bénech et de l’anthropologue David Le Breton.
Disponible dans 180 pays, WhatsApp compte 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels, (Maeva Destombes/Hans Lucas. AFP)
publié le 14 février 2023 à 17h54

«Je ne supporte plus de toujours devoir rire ou aimer ou ajouter des petits cœurs à chaque pensée, photo ou blague publiées ici. […] je ne peux plus vivre avec cette pression, je pars». C’est par ces mots qu’un père, quinquagénaire et américain, a annoncé mi-janvier quitter le groupe Whatsapp familial. Depuis, la capture d’écran du message a fait le tour du monde et été vue plus de quinze millions de fois. Serait-ce le signe d’un ras-le-bol généralisé face à une injonction conversationnelle ? Le réseau social aux deux milliards d’utilisateurs actifs, par ailleurs critiqué pour sa politique de confidentialité, va-t-il être le lieu d’une nouvelle «grande démission» ? Des groupes en tout genre – de collègues, d’amis ou de parents d’élèves - aux mémos vocaux en passant par les photos d’assiettes façon «food porn», WhatsApp divise autant qu’il nous vampirise. Vecteur de lien social pour les plus connectés, ou source de brouhaha invasif et creux pour les autres, faut-il quitter WhatsApp ?

L’écrivain Clément Bénech n’échangerait pour rien au monde la saveur des mémos vocaux envoyés par erreur par sa grand-mère sur le WhatsApp familial. « L’appli gratuite est bonne comme le chocolat, à nous d’être raisonnable! », professe-t-il.
Pour l’anthropologue David Le Breton, l’application développe un type de communication où il est impossible de se taire, d’écouter le silence ou de rêver un instant les autres. «Que restera-t-il de nos échanges journaliers sur smartphone ?», s’interroge-t-il.