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TRIBUNE

L’économie de guerre ne se décrète pas, elle se prépare

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La France ne va peut-être pas basculer en économie de guerre dès demain, mais s’en rapprocher nécessiterait de porter les dépenses militaires à plus de 5% du PIB, pointe le codirecteur de l’Observatoire de la défense. Et les décideurs publics ne prennent pas la mesure de la transformation industrielle que cela suppose.
Lors de l'intervention du président Macron à la télévision le 5 mars 2025 annonçant la réunion prévue des chefs d'état-major des armées de l'UE et de l'Otan, à Paris, le 11 mars 2025. (Ludovic Marin/AFP)
par Renaud Bellais
publié le 11 mars 2025 à 18h01

Economie de guerre, économie de guerre… Il ne suffit pas de répéter le terme pour que cela devienne une réalité. Depuis juin 2022, le gouvernement a construit un discours qui ne se traduit pas dans les faits, mais amène à se poser des questions sur les conséquences d’un possible engrenage vers un conflit.

L’économie de guerre est difficile à définir, car elle est souvent un constat a posteriori. Le basculement depuis une économie de paix est souvent brutal du point de vue historique, ce qui ne permet pas d’identifier facilement quand cette transition se produit. Néanmoins, quelques paramètres peuvent être identifiés.

Dans une économie de guerre, la société passe d’une économie de marché, libérale, à une économie planifiée. Face aux besoins des armées, l’Etat ne peut pas se permettre de laisser les choses au hasard. Les soldats doivent avoir les équipements et les matériels dont ils ont besoin sans retard, ni aléa. La seule solution est de mobiliser les ressources de l’économie et d’organiser la société autour de l’effort de guerre, avec un certain degré de planification.

De la mobilisation de la population dans les armées

Ceci est d’autant plus nécessaire qu’en grande partie, l’économie et la population sont mobilisées. Au plus fort de la Première Guerre mondiale, la France a consacré 25 % de son PIB à la guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis y ont consacré jusqu’à 43 % de leur PIB. Ceci va de pair avec une mobilisation de la population dans les armées ou les entreprises en appui de l’effort de guerre. La dé