Menu
Libération
TRIBUNE

Francis Nachbar: «Je n’ai aucun état d’âme à avoir requis la perpétuité incompressible contre Fourniret»

Article réservé aux abonnés
Procès des attentats du 13 Novembre 2015dossier
Francis Nachbar a requis, et obtenu, la plus lourde peine prévue par le code pénal contre le violeur et tueur en série. Alors que Salah Abdeslam a écopé lui aussi de cette peine, l’ancien procureur général estime que cette condamnation est justifiée dans les rares cas prévus par la loi.
Michel Fourniret à Charleville-Mézières lors de son procès, le 19 mai 2008. (Alain Julien /AFP)
par Francis Nachbar, Ancien avocat général et Sonya Faure
publié le 4 juillet 2022 à 13h31

Le procès des attentats du 13 Novembre s’est conclu, mercredi, par la condamnation de Salah Abdeslam à le perpétuité incompressible. En 2008, Michel Fourniret avait reçu la même peine. Pour Francis Nachbar, le procureur général qui l’avait à l’époque requise, cette sanction est dans certains cas «indispensable».

«Perpétuité incompressible : le mot lui-même est redondant. La perpétuité, par nature, n’est pas censée avoir de fin… Je comprends que le législateur ait longtemps hésité avant de créer une «perpétuité réelle», sans possibilité de demander un aménagement de peine : il faut pouvoir croire que tout homme, même criminel, peut se racheter, se resocialiser. Pourtant pendant quarante et un ans, j’ai été magistrat dans le pénal, j’ai participé à une centaine de procès d’assises, j’ai vu tous les profils de criminels… A titre personnel, je pense que pour certains, soumis à de véritables pulsions meurtrières de sociopathes, il est vain de parler de rédemption. Il ne faut pas faire d’angélisme : ce n’est pas désespérer de l’être humain que de reconnaître que quelques-uns ne pourront pas retrouver leur place