Comme pour le droit des femmes ou des minorités, les enfants ont acquis tout au long du XXe siècle une vraie reconnaissance de leur statut de personne à part entière pleinement digne d’écoute et de respect. Les enfants sont des êtres humains à égalité de considération et des sujets de droits (mais pas de devoirs) et puisqu’ils sont encore vulnérables, les politiques publiques ont la responsabilité de leur offrir des espaces protecteurs pour qu’ils puissent grandir sereinement et acquérir les ressources intellectuelles et psychiques de leur émancipation.
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La déclaration des droits de l’enfant, les progrès de la pédiatrie, la vulgarisation dans les mœurs des apports de la psychologie et de la psychanalyse, le développement de pédagogies plus coopératives et une éducation moins répressive ont permis aux enfants d’acquérir une place enfin digne dans nos sociétés contemporaines. La représentation de l’enfant a connu ainsi une révolution copernicienne dans notre culture occidentale : longtemps méprisés et invisibilisés (Montaigne écrit dans ses Essais qu’il a perdu «deux ou trois enfants non sans regrets, mais sans fâcherie»), notre modernité s’attache désormais à prendre soin de leur bien-être et de leur offrir une éducation ambitieuse et ouverte. Le développement d’une littérature de jeunesse, par exemple, qui aborde sans mièvrerie de grandes questions philosophiques avec beaucoup de subti