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TRIBUNE

Gaza : «A la lumière de nombreuses sources juridiques, le terme de génocide est pertinent»

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Alors que la Cour pénale internationale n’a, pour l’heure, pas retenu cette accusation contre Israël, trois professeurs de droit estiment que de nombreux éléments permettent d’étayer cette qualification.
Le 16 décembre 2024, après une frappe israélienne sur l'école Ahmed-Abdel-Aziz, transformée en abri, à Khan Younès, Gaza. (Hani Alshaer/Anadolu. AFP)
par Farah Safi, professeure de droit, Rafaëlle Maison, professeure de droit et Habib Gherari, ancien professeur de droit
publié le 11 février 2025 à 18h18

Si nombre d’historiens israéliens critiques ont très tôt employé le mot «génocide» pour décrire l’offensive d’Israël à Gaza, cette parole n’a guère été entendue en France. A l’inverse, depuis l’automne 2023, de nombreux commentateurs s’emploient, dans différents médias, à réfuter son emploi. D’abord, l’argument central consistait à invoquer le «franchissement d’un seuil moral», renvoyant au caractère unique de la destruction des Juifs d’Europe et à la crainte de sa banalisation. L’argument semble désormais en recul. On invoque plutôt l’idée selon laquelle employer la catégorie de génocide viendrait banaliser les crimes de guerre et crimes contre l’humanité par ailleurs commis. Parler de génocide, ce serait donc affaiblir le droit international… Il s’agit là d’un argument peu porteur dès lors que l’emploi de la catégorie de génocide n’interdit nullement d’utiliser aussi celle de crime de guerre ou contre l’humanité.

Dans un récent entretien publié dans les pages de Libération, le juriste Yann Jurovics nous propose une analyse basée sur l’autorité du droit et donc sur la définition de la catégorie de génocide par le droit international. En réalité, cette analyse passe sous silence de nombreuses sources juridiques, ou les écarte