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TRIBUNE

Gaza : le virage de l’enfant affamé, par Selim Nassib

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L’image de l’enfant gazaoui mangé par la faim jette une lumière crue sur le processus de nettoyage ethnique mené par le gouvernement Nétanyahou. Elle a provoqué une prise de conscience mondiale. Un premier pas vers la fin de l’impunité d’Israël ?
Yazan, un enfant malnutri de 2 ans, devant sa maison familiale dans le camp de réfugiés d'Al-Shati à Gaza, le 23 juillet. (Jehad Alshrafi/AP)
par Selim Nassib, écrivain
publié le 29 juillet 2025 à 17h34

Un nouvel acteur est apparu sur la scène de Gaza : l’enfant mort-vivant. Squelettique, ventre gonflé, yeux exorbités qui vous fixent pour l’éternité, son corps est éminemment politique. C’est lui qui a déclenché la reconnaissance trop longtemps retardée de l’Etat de Palestine par le président Macron, lui qui a dicté le communiqué commun de Londres, Paris et Berlin adressé à Israël − «La catastrophe humanitaire doit cesser immédiatement» −, lui qui a contraint les autorités israéliennes à allumer en catastrophe un contre-feu «humanitaire».

Après avoir résisté pendant des mois à toutes les injonctions verbales du monde, le gouvernement Nétanyahou a autorisé en moins de vingt-quatre heures le largage par voie aérienne de colis alimentaires. Ses avions militaires ont même participé pour la première fois à l’opération, l’important pour lui étant de fournir sans délai aux télés du monde des images de parachutes tombant du ciel pour porter secours à l’enfant dont le cou n’a même plus la force de soutenir la tête.

L’urgence l’a même poussé à laisser entrer des camions de vivres et en permettre la dis