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TRIBUNE

Google, Amazon, OpenAI… Pourquoi il est faux de parler de «techno-féodalisme»

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La mutation économique des géants de la Silicon Valley, sous perfusion de l’Etat, est un exemple de sophistication capitaliste et non un retour à l’économie médiévale, analyse le sociologue Sébastien Broca.
Le PDG d'OpenAI Sam Altman était en visite à Riyad avec le président américain Donald Trump et le PDG de Tesla, Elon Musk, le 13 mai 2025, à Riyad (Arabie Saoudite). (Brian Snyder/REUTERS)
par Sébastien Broca, sociologue
publié le 22 mai 2025 à 8h24

A l’occasion de son déplacement dans le golfe Persique la semaine passée, Donald Trump a signé un partenariat économique avec l’Arabie Saoudite d’une valeur estimée à 600 milliards de dollars [529 milliards d’euros]. Au déjeuner officiel organisé à Riyad le 13 mai, le président américain était accompagné de nombreuses figures de la Tech : l’inévitable Elon Musk, Sam Altman d’OpenAI, Jensen Huang de Nvidia, des représentants de Google et d’Amazon. Cette proximité entre Donald Trump et les entreprises technologiques est souvent analysée comme une convergence idéologique entre des élites économiques libertariennes et un président ayant une vision transactionnelle de la politique. Elle s’explique surtout par les intérêts matériels des uns et des autres.

L’Arabie Saoudite est devenue un acteur financier important au sein de la Silicon Valley. Dès 2016, son fonds souverain investit 3,5 milliards de dollars dans Uber. Aujourd’hui, elle consacre des dizaines de milliards de dollars à l’intelligence artificielle (IA), autant pour déployer des infrastructures sur son propre territoire que pour financer les leaders américains du secteur, espérant influer sur le déploiement de technologies vues comme stratégiques.

Aussi stratégiques soient-elles, ces technologies représentent un gouffre financier. Les nouvelles générations de l’IA nécessitent des investissements considérables, et le secteur n’a pour l’instant pas trouvé de modèle économique rentable. OpenAI perd de l’argent sur ch