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TRIBUNE

Grève féministe du 8 mars : la possibilité d’une révolution

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En poussant les femmes à s’arrêter dans toutes leurs activités y compris domestiques, la grève brise le cours ordinaire des choses. Elle désassemble les modes de légitimation de la domination et élabore un programme politique de changement, relève la philosophe Fabienne Brugère.
Le 8 mars 2021, lors de la Journée internationale des droits des femmes, à Buenos Aires (Argentine). (Alejo Manuel Avila/SOPA. SIPA)
par Fabienne Brugère, Philosophe
publié le 7 mars 2024 à 5h11

#GreveFeministe en France appelle à la grève du travail, des tâches domestiques et de la consommation, en particulier, pour le 8 mars. C’est une porte qui se claque et ne se rouvrira pas, au nom de la dénonciation d’un système, celui que la philosophe Silvia Federici nomme «le capitalisme patriarcal».

La grève est une action collective consistant en une cessation concertée du travail, généralement par les salariés d’une organisation ou d’un secteur économique. Quand elle devient féministe, elle rend visible des exploitations qui passent par le curseur du genre. Non seulement les femmes travaillent gratuitement dans les foyers (tâches domestiques et de soin, double journée, charge mentale) mais elles constituent une armée de travailleuses pauvres et précaires.

Or, le capitalisme fonctionne, sans complexe, avec ce travail non reconnu : alors que le travail est traditionnellement considéré comme une activité productive et rémunérée, les frontières sont désormais déplacées, transgressées, et on reconnaît que les tâches domestiques, les activités de care (de soins) non rémunérées déploient un travail gratuit et une oppression des femmes, en tout cas de nombreuses femmes. Que se passe-t-il si la m