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TRIBUNE

Guerre Hamas-Israël : Camus, reviens ! par Michel Wieviorka

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Guerre au Proche-Orientdossier
En référence à la guerre d’Algérie, Albert Camus se demandait comment mettre fin aux «noces sanglantes du terrorisme et de la répression» ? Comment renverser l’équation impossible qui oblige à choisir un camp ou l’autre ? Comment repenser l’un et l’autre ensemble, dans un même projet de résolution des violences ? s’interroge le sociologue Michel Wieviorka.
Albert Camus : «J’ai décidé de me taire en ce qui concerne l’Algérie, afin de n’ajouter ni à son malheur ni aux bêtises qu’on écrit à son propos.» Ici, en 1957, à Paris. (AFP)
par Michel Wieviorka, Sociologue
publié le 15 décembre 2023 à 7h33

Ma mère, avant la justice, disait Camus. Ni assimilation ni indépendance, disait-il aussi alors que la guerre d’Algérie faisait rage. Comment ne pas penser à lui aujourd’hui ? Non pas tant, ou pas seulement, en référence à l’Algérie actuelle et à ses relations avec la France. Mais parce que ce qui se joue actuellement au Proche-Orient mérite d’en appeler à son mode de pensée. Cela vaut mieux que de se vautrer dans les polémiques enflammées, les radicalisations outrancières, bien peu ou mal informées, et les comparaisons douteuses – par exemple entre le génocide des Héréros en 1904 et l’action d’Israël à Gaza.

Israël, une démocratie malade

D’un côté, Israël. Une démocratie malade, une société tolérant d’être dirigée par un pouvoir corrompu conjuguant pour se maintenir nationalisme débridé et impulsions théocratiques. Benyamin Nétanyahou n’est pas un dictateur, il a été élu, sa politique repose sur des soutiens populaires. Elle s’est profilée au lendemain des