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tribune

Guerre Hamas-Israël : ne pas s’égarer dans le «consentement meurtrier», par Marc Crépon

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Pour le philosophe, il est des pratiques inhumaines, des actes de barbarie, des destructions, individuelles ou massives, qui, pour peu qu’on les encourage et qu’on s’abstienne de les condamner disqualifient l’humanité en nous.

Des impacts de balles à côté d'une photo sur un réfrigérateur dans le kibboutz Kissoufim, dans le sud d'Israël, le 21 octobre. (Francisco Seco/AP)
ParMarc Crépon
Philosophe à l’ENS. Auteur de l’Epreuve de la haine. Essai sur le refus de la violence, Odile Jacob, 2016.
Publié le 19/11/2023 à 11h31

Il est des violences qui suffisent à disqualifier leur fin supposée les justifier aux yeux de ceux qui les encouragent, les programment ou les commettent. Cela signifie que l’action violente qui prend de telles formes ne peut plus se reconnaître la qualification qu’elle revendique. Lorsqu’une «opération militaire» consiste à traquer et à massacrer des familles entières dans leurs foyers, dans des conditions atroces, à tuer méthodiquement de sang-froid des jeunes gens qui s’étaient rassemblés pour faire la fête, dans le seul but de faire le plus grand nombre de victimes possibles, à prendre des civils en otages, enfants, femmes et vieillards compris, elle ne peut plus être considérée comme une «opération militaire», encore moins un «acte de résistance».

On se gardera d’égaler ce qui ne saurait l’être

Persister, envers et contre toutes les images et les récits qui en attestent l’horreur, à vouloir la désigner sous ces termes relève, qu’on le veuille ou non, du plus insoutenable et du plus indigne des consentements meurtriers. C’est tenter de trouver des raisons à sa «cruauté», à sa «barbarie», à son «inhumanité» qui, non seulement, sont les seuls noms qui conviennent pour décrire et nommer les attaques du 7 octobre, la seule façon, douloureuse, de l