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TRIBUNE

«Gueux», mais black, beur, vert, rouge et féministe

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Gilets jaunes, «Bloquons tout»… Alexandre Jardin n’a pas tort d’invoquer les gueux, mais «bloquer tout» ne servira que si on sort les cahiers de doléances et que l’on cesse de nourrir le sentiment de vengeance sociale, estime le sociologue Willy Pelletier.
En 2018, des gilets jaunes filtrant au rond-point de Carbonne (Haute-Garonne). (Laurent Ferrière/Hans Lucas. AFP)
par Willy Pelletier, sociologue à l’université de Picardie
publié aujourd'hui à 6h14

Les colères populaires ne se refusent pas. Elles se comprennent − en tous sens du mot. Et si l’on s’y mêle, l’activité commune, les proximités font souvent bouger les visions des divisions du monde social. Parfois réacs au départ, peu à peu, elles changent.

J’habite entre l’Aisne et l’Oise. Dans les villages alentour, 75 % de votes sont pour le Rassemblement national (RN). Des maisons à vendre, des habitants sous le seuil de pauvreté, souvent retraités ou autoentrepreneurs aux chantiers incertains.

Alors, fatalement sur les ronds-points gilets jaunes, au début, il y avait pas mal de drapeaux bleu-blanc-rouge, et des «gueulantes» contre les «casoces», les «bougnouls», le manque