Ecrivain, réalisateur, éditeur pionnier dans le domaine des études queer et de genre en France avec la collection «Le Rayon» chez Balland, ou encore juge administratif, Guillaume Dustan est à l’origine d’une œuvre majeure. Le réalisme de son écriture fait littérature de ce mouvement homosexuel minoritaire. Dans Nicolas Pages, pour lequel il reçut le prix de Flore en 1999, et réédité aujourd’hui chez P.O.L. dans le volume Œuvres II, Guillaume Dustan raconte sa rencontre avec l’auteur homonyme Nicolas Pages et leur histoire d’amour de courte durée. Ce roman n’a pas de genre. Il transcende toutes les catégories esthétiques. Par moments, c’est une autobiographie, un manuel pratique sur le plaisir sexuel, la prise de notes d’un cahier de sa grand-mère ou un projet de scénario. Exemple : «Scène 43. Le Flon, ext /jour (plein soleil) […] Guillaume a sa perruque blonde. Ils parlent dans des micros. On ne les entend pas. Ils boivent de l’eau sans arrêt. Guillaume enlève sa perruque. Il a l’air un peu à côté de ses pompes mais ça ne dure pas. Finalement ils se lèvent.»
Les libertés esthétiques qu’il prend dans ce roman et dans ses autres textes émanent de sa vision de l’homosexualité. Selon lui, il s’agit d’une sexualité en marge du «régime politique hétérosexuel» pour reprendre les mots de Monique Wittig dans la Pensée straight, essai qu’il a lui-même édité. Les homosexuels sont amenés à penser le monde par d’autres prismes que la binarité du couple h