Menu
Libération
TRIBUNE

Haïti : l’envoi d’une force armée internationale est une fausse bonne solution

Article réservé aux abonnés
Le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’autoriser une mission d’appui à la sécurité sur le sol haïtien. Pour Frédéric Thomas, politologue, cette résolution risque de favoriser la mise sous tutelle du pays plutôt que d’avoir des effets durables face à un exécutif illégitime.
Affrontements entre la police et des manifestants à Petit-Goâve, à Haïti, le 14 septembre 2023. (Richard Pierrin/AFP)
par Frédéric Thomas
publié le 4 octobre 2023 à 21h13

Il aura fallu un mois d’âpres négociations pour que le lundi 2 octobre soit adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU la résolution autorisant l’envoi d’une «mission multinationale d’appui à la sécurité» en Haïti. La Russie et la Chine se sont abstenues. Pékin a obtenu un élargissement de l’embargo sur les armes ; manière de pointer du doigt la responsabilité des Etats-Unis d’où provient l’essentiel des armes aux mains des bandes armées haïtiennes et de mettre en avant des mesures alternatives autrement efficaces.

La demande de «déploiement immédiat d’une force armée spécialisée» avait été faite, il y a près d’un an déjà, par le gouvernement haïtien. Mais, les Etats-Unis, ne souhaitant pas en prendre la tête, n’avaient réussi à convaincre ni le Canada ni le Brésil de le faire et les autres candidats potentiels, échaudés par les expériences passées et craignant de se retrouver piégé dans «le bourbier haïtien», ont décliné l’invitation pressante de la Maison Blanche. Ce n’est que le 29 juillet dernier que le Kenya a annoncé qu’il était disposé à prendre la direction de cette mi