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Libération
TRIBUNE

Hamas-Israël : «Emmène-nous voir la Joconde, oncle Moshe !»

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Deux jours après l’attaque du Hamas, l’écrivain israélien Moshé Sakal est de passage à Paris et reçoit un appel en visio de sa sœur et de ses nièces et neveux alors qu’il se trouve au musée du Louvre. Tous dispersés en Israël, chacun cherchant un refuge contre le hurlement des sirènes d’alerte aérienne.
Après un tir de roquette provenant de la bande de Gaza, à Ashkelon, Israël, le 9 octobre 2023. (Menahem Kahana /AFP)
par Moshe Sakal, Ecrivain
publié le 17 octobre 2023 à 16h32

La nuit précédant l’attaque du Hamas contre Israël, j’étais dans un état d’agitation, en proie à une frustration personnelle et à une profonde tristesse. Dans un rêve, je me suis retrouvé assis dans un café de la rue Ibn Gabirol à Tel-Aviv, bien que l’ambiance me parût étrangement inconnue, plus proche d’une ville européenne. Alors que je regardais les convives déguster leur repas, engager une conversation animée et savourer leur boisson, une pensée troublante m’a envahie : «Ils ne savent pas qu’ils vont mourir.» Cette image mentale m’a angoissé, mais j’ai réussi à calmer mon agitation en me rappelant que ce n’était qu’un rêve.

La nuit inquiétante s’est poursuivie, et lorsque j’ai finalement pris mon téléphone portable, j’ai découvert un message de ma sœur. Il disait : «Comment allez-vous, mon chéri ? Les enfants sont chez les parents de Guy, et il n’y a pas encore eu de sirènes dans leur quartier. C’est vraiment effrayant…»

La fois suivante, deux jours plus tard, le poids de la matinée du 7 octobre était palpable. Ces deux jours avaient permis de prendre conscience de l’attaque dévastatrice du Hamas, et lorsque j’ai répondu – il s’agissait cette fois d’un appel vidéo – j’ai été accueilli par les visages de ma famille : mes frères e