La question du harcèlement moral et sexuel gagne en visibilité dans notre société, et ce mouvement touche également l’enseignement supérieur et la recherche (ESR). Grâce au courage des victimes, l’omerta est en recul, révélant l’ampleur du phénomène. Parmi les situations existantes, celle des jeunes chercheuses et chercheurs est critique. Nous l’avons observé de près cette année à l’Institut national polytechnique (INP) Clermont-Auvergne, avec les signalements de trois victimes, dont la gestion par l’institution a été calamiteuse. Travailleuses et travailleurs de la recherche mais sans statut reconnu, ils et elles sont privées de soutien professionnel. La relation de compagnonnage entre direction de thèse et doctorant·e les expose à de potentielles mauvaises pratiques d’encadrement sans solution de secours.
La politique d’«excellence» menée depuis quinze ans exerce une pression croissante sur ce nouveau précariat de la recherche, en substituant aux postes pérennes des contrats précaires. Le recrutement sur projet soumet l’entrée dans la carrière au bon vouloir de quelques chercheurs séniors dans une sorte de nouveau mandarinat. La moindre difficulté en chemin transforme les jeunes chercheuses et chercheurs en fusibles de cette course au rendement. Cette p