Menu
Libération
TRIBUNE

Harcèlement scolaire : prévenir ne relève ni du miracle ni de coups de menton

Article réservé aux abonnés
La prévention ne doit pas se réduire à sensibiliser les adultes ou à une approche judiciaire. Pour pacifier les relations, commençons par privilégier aux grosses structures les espaces à taille humaine, préconisent le pédopsychiatre Antoine Devos et le pédagogue Philippe Meirieu.
«Les formes de ce harcèlement sont loin d’être spécifiques à l’enfance et à l’adolescence : elles existent chez les adultes.» (Eric Bouttier/VOZ'Image)
par Antoine Devos, Pédopsychiatre et Philippe Meirieu, Pédagogue
publié le 28 septembre 2023 à 16h37

Qui pourrait s’opposer à la lutte contre ce fléau qu’est aujourd’hui le harcèlement entre enfants et adolescents ? On en connaît trop, en effet, les effets mortifères pour ne pas chercher ensemble tous les moyens de l’enrayer. Evitons d’abord un malentendu : l’expression «harcèlement scolaire» pourrait laisser penser que le phénomène est circonscrit à l’école, voire que l’école en est à l’origine. Or, rien n’est moins évident : si, évidemment, le harcèlement se produit le plus souvent entre élèves d’une même école, ce n’est pas toujours au sein de celle-ci qu’il a lieu, d’autant plus s’il prend la forme du cyberharcèlement.

Par ailleurs, les formes de ce harcèlement (humiliations sexistes, attaques sur le physique, violences psychiques…) sont loin d’être spécifiques à l’enfance et à l’adolescence : elles existent chez les adultes, se nourrissent de stéréotypes portés par la publicité, sont relayées par les réseaux sociaux et les médias où sévissent des «animateurs» qui pratiquent largement ce qu’ils prétendent condamner.

Autant dire, qu’il y a une forme d’hypocrisie collective, dont les jeunes ne sont pas vraiment dup