La controverse actuelle sur l’opposition du Premier ministre à la dépénalisation totale de l’homosexualité en 1981, lorsqu’il était jeune député, mérite à la fois une mise au point historique de la question et un hommage à ceux et celles qui, dans le passé, ont eu le courage de faire avancer les droits fondamentaux.
Rappelons-nous que la naissante lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité, en Allemagne au début du XXe siècle, s’est interrompue brutalement avec la prise du pouvoir par les nazis. Les peines contre les homosexuels se sont durcies, le paragraphe 175 du code pénal allemand (héritier du code prussien) prévoyait jusqu’à dix ans de prison et même les manifestations d’affection (se tenir par la main ou s’embrasser dans la rue…) entre deux personnes de même sexe pouvaient conduire au cachot. Dès 1936, les homosexuels furent envoyés en masse dans les camps de concentration auxquels très peu survécurent. Si l’on estime à quinze mille le nombre d’homosexuels victimes des camps de concentration, il semble raisonnable, d’après Frank Rector, de considérer qu’environ cinq cent mille homosexuels ont trouvé la mort dans les prisons, les exécutions sommaires ou lors de traitements expérimentaux. Paradoxalement, la propagande communiste n’a eu de cesse d’identifier l’homosexualité à une «perversion fasciste».
Dans ce contexte, le 6 août 1942, quelques mois après la promulgation de la loi sur le statut des Juifs, la France réintroduit une disposition pénalisant l’homos