Il avait 15 ans, un regard franc, des éclairs d’humour désarmants et une maladie qui ne lui laissait aucun répit. Atteint du syndrome de Gilles de La Tourette dans une forme extrême, A. vivait chaque jour de classe comme une épreuve. Je l’ai rencontré en Itep, ce type d’établissement censé accueillir les élèves que l’école ordinaire ne sait pas ou ne peut plus gérer.
Il entrait dans la salle en disant «connasse». C’était son tic, son bonjour, son barrage contre le monde. Un réflexe incontrôlé, une insulte en guise de salut, suivi souvent d’un regard gêné, presque désolé. Mais cela n’a pas empêché l’équipe éducative de l’accueillir, de tenter, jour après jour, de lui offrir une place. Pas une place «dans la classe», mais une place dans un espace humain, malgré les crises, les lancers de chaise, les accès d’angoisse, les gestes brusques. Il voulait apprendre. Il en était capable. Mais il souffrait. Profondément.
Et c’est là que le discours sur l’inclusion scolaire, si souvent brandi comme un étendard progressiste, montre ses failles.
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Oui, l’école doit accueillir tous les élèves. Mais peut-elle, concrètement, répondre à des situations aussi extrêmes, seule, avec des moyens restreints, des personnels épuisés, et des dispositifs pensés pour la moyenne plus que pour l’exception ? A force de répéter que l’inclusion est un droit, on en oublie parfois de poser la question de sa faisabilité.
L’Itep est déjà une structure spécialisée, avec des éducateurs formés, des enseignants volo