Le Salon international de l’agriculture (SIA) est chaque année un grand succès. L’an passé, l’édition post-Covid a réuni plus de 500 000 visiteurs, venus rêver devant des stands et affiches bucoliques avec de la paille dans les cheveux largement empruntés au folklore «paysan». Au fil des travées, on s’imagine les vaches broutant dans les prés, les légumes poussant en pleine terre, et des agriculteurs fourche en main. Cette représentation, qui vante à l’envi la «diversité des modèles» ou des «agricultures plurielles» pour ne pas renoncer à l’agriculture chimique, est évidemment fantasmée.
En réalité, le modèle français est profondément agroindustriel, orienté vers la multiplication des fermes-usines et l’usage continu de pesticides et engrais de synthèse en dépit du désastre écologique et sanitaire. La production y repose toujours plus sur l’utilisation de machines agricoles et de moins en moins sur le travail humain, comme en témoignent les derniers chiffres du recensement agricole et surtout certaines campagnes vidées de leurs habitants.
Héritier du concours général agricole de Paris mais créé dans sa forme actuelle en 1964 par le ministre du grand élan de la «modernisation» agricole, Edgard Pisani, le SIA est depuis le reflet des multiples facettes que compte le complexe agroindustriel, mêlant politiques publiques, organes professionnels ou groupes privés, au détriment de l’intérêt collectif. Il incarne aujourd’hui logiquement le triptyque cher à Emmanue