Pour illustrer la cause écologiste et ses aléas, il est tentant de convoquer le mythe de Sisyphe. Un Sisyphe qui serait voué à hisser le fardeau de la civilisation vers un idéal à la fois soutenable et durable (sustainable en VO), pour le voir à chaque fois dévaler la pente cruelle de la réalité.
Le versant politique semble valider cette métaphore. Ainsi l’effectif des Verts au Parlement européen suit à chaque élection un mouvement de yo-yo, entre 22 député·es au plus bas (1994) et 72 au plus haut (2019), pour arriver aujourd’hui à 53 sur 720. On l’expliquera par des campagnes ratées, l’immaturité du mouvement ou des contextes défavorables. Mais la régularité du phénomène incite à aller plus loin.
Depuis plus d’un demi-siècle, on entend les écolos répéter que bientôt il sera trop tard, comme la fin sans cesse repoussée d’une série à suspense. Pas étonnant que des spectateurs impatients empoignent leurs télécommandes et zappent pour la saga fantastique Liberal Legend ou le récent blockbuster d’horreur la Revanche des fachos. Pour eux, soit le chaos climatique est une énorme fake news, soit on ne peut plus rien faire pour l’empêcher. Dans les deux cas, autant continuer à s’éclater sans contraintes.
Clivante par nature
Le rêve d’une «écologisation» tranquille de l’ensemble de la société se révèle chiméri