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Libération
TRIBUNE

Il ne faut pas opposer les Iraniens de l’intérieur à ceux de la diaspora

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Le futur du pays n’est pas dans un retour à la monarchie, ni dans une alternative politique imaginée loin de Téhéran : il est entre les mains la société civile, qui doit pouvoir compter sur ses compatriotes à l’étranger, estime l’historien Clément Therme.
Rassemblement contre les opérations militaires américaines en Iran, à Chicago, dans l'Illinois, le 23 juin 2025. (Jacek Boczarski/Anadolu. AFP)
par Clément Therme, historien spécialiste de l’Iran contemporain, Université de Montpellier Paul-Valéry
publié le 24 juin 2025 à 18h28

Alors que l’Iran traverse l’un des moments les plus critiques de son histoire contemporaine, fortement fragilisé par les frappes américaines et israéliennes, les regards occidentaux tendent trop souvent à opposer les Iraniens de l’intérieur à ceux de la diaspora. Depuis la rupture révolutionnaire de 1979, le pays a connu plusieurs vagues d’émigration. D’après des chiffres de 2023, la diaspora iranienne serait composée de 6 à 8 millions de personnes. Alors qu’à l’intérieur du pays, les débats politiques se concentrent sur les perspectives d’un changement de régime pacifique — souhaité par une majorité de la population et rejeté par une minorité, estimée à 10% à 20%, favorable au maintien du statu quo —, le débat au sein de la diaspora iranienne se cristallise davantage autour de la figure de Reza Pahlavi, fils du dernier chah d’Iran. En Iran même, la centralité de la question du régime et de sa pérennité s’explique en grande partie par l’incapacité des différents mouvements sociaux, depuis les années 1990, à traduire leur