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Libération
TRIBUNE

Il nous faudra encore inscrire «#MeToo» sur des tableaux

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L’autrice Louise Chennevière répond à Arthur Dreyfus qui a condamné dans «Libération» l’inscription de «#MeToo» par l’artiste Deborah De Robertis sur «l’Origine du monde» de Courbet. Selon elle, en dépit des avancées, hommes et femmes continuent de vivre dans deux mondes séparés.
«L'origine du monde» (1866) du peintre et sculpteur Gustave Courbet (1819-1877), photographié en 2023, au musée Pompidou-Metz (Moselle). ( Jean-Christophe Verhaegen/AFP)
par Louise Chennevière, Ecrivaine
publié le 18 mai 2024 à 5h00

Mai 2024 – c’est tard dans l’histoire du monde, et on entend beaucoup que tout change, que la parole des femmes se libècee, on entend même beaucoup que ce serait trop, qu’on entend plus que cela, des femmes qui gueulent. On n’ose plus utiliser le mot «hystérique», mais il n’a pas besoin d’être prononcé pour bruisser. Chaque jour, il nous faut supporter les ripostes, les indignations parfois formulées par des amis même, «oh mais ça va on se calmer», il faut supporter d’entendre dire que c’est «too much». Et si ces amis peuvent dire cela, c’est que ce n’est pas encore assez, c’est qu’ils n’ont pas compris, et qu’il nous faudra encore expliquer, encore témoigner, insister, qu’il nous faudra parfois gueuler les jours où l’on en aura marre de n’être pas entendues.

Je lis la tribune d’Arthur Dreyfus, et je comprends qu’il nous faudra encore beaucoup crier. Arthur, on ne se connaît pas vraiment, nous nous sommes croisés quelques fois et partageons cela de fort que nous publions dans la même maison d’édition. En vertu de cela, il m’a toujours semblé évident de te considérer comme un allié – et pourtant, je découvre, sidérée, ta lettre à propos