Souvent réduit à des positions simplistes, le débat sur l’immigration se distingue rarement par sa subtilité ou son pragmatisme. L’actuel n’a pas échappé à la règle, la dérive extrême droitière de la macronie l’ayant hystérisé à souhait. Si l’on doit objecter à cette loi – la 29e sur le sujet depuis 1980, symptôme de la gesticulation législative française –, les valeurs humanistes qui font la grandeur de la France, la gauche ne saurait se limiter à une critique principielle.
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Certains justifient l’errance gouvernementale par son adaptation à l’opinion publique. Le réalisme serait donc du côté de ceux qui ont voté la loi et leurs opposants réduits à de belles âmes sans-frontiéristes déconnectées du quotidien des Français. La réalité est toute autre. Que connaissent vraiment de l’immigration ceux qui ont voté la loi ? Combien d’entre eux sont élus de quartiers qui concentrent une part importante des étrangers ? Très peu. En revanche, ils sont nombreux à utiliser des travailleurs immigrés pour faire rénover leur logement, prendre un VTC ou se faire livrer leur repas. Un paradoxe dont ils n’ont pas le monopole.
On ne sait pas faire sans l’immigration
L’immigration fait peur, mais on ne sait pas faire sans. Notre pays n’est pas autosuffisant en main-d’œuvre depuis plus d’un siècle avec l’arrivée des travailleurs italiens et polonais sur les chantiers de construction ou dans les bassins miniers, et le phénomène s’est poursuivi quasiment sans interruption. On parle pudiquement aujourd’hui de métiers en tension, notamment da