Le gouvernement et la droite radicalisée se sont enfermés dans une surenchère mortifère qui fait entrer par pans entiers le programme du Front national dans la loi, offrant à la famille Le Pen une victoire qui valide ses thèses : suppression de l’aide médicale d’Etat, durcissement des conditions d’accueil des étudiants internationaux, entrave amplifiée au regroupement des familles, etc.
C’est le résultat d’un débat public englouti depuis des décennies sous les thèmes et les termes de l’extrême droite qui a su imposer – en partie à cause de la timidité d’une partie du camp humaniste et de certaines lâchetés à gauche – un récit, une vision déformée du réel, et insuffler le poison de la division et de la peur dans les esprits. A force de dire que «le Front national pose les bonnes questions», comme le disait Laurent Fabius dans les années 80, même s’il ajoutait fort heureusement que celui-ci n’avait «pas les bonnes réponses» on a finalement considéré que le terrain de jeu identitaire, choisi par le camp raciste et nationaliste, était le cadre du débat démocratique normal sur ces sujets.
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De la même façon, reconnaître que «la France ne peut accueillir toute la misère du monde», quand bien même on pondère d’un «mais elle doit en prendre sa juste part» c’est valider le mensonge de la prétendue menace