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TRIBUNE

«Imposteur», «assassin», «menteur»… Ce que l’insulte fait à la politique

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Au pire, l’invective envenime le débat mais ne fait pas bouger les lignes pour autant, au mieux, elle théâtralise le jeu politique et en pimente les échanges.
Aurélien Saintoul, le député insoumis qui a traité le ministre du Travail d'«assassin», à l'Assemblée nationale, le 13 février 2023. (Ludovic Marin /AFP)
par Cédric Passard, Maître de conférences en science politique, Sciences-Po Lille-Ceraps
publié le 28 février 2023 à 20h21

Les débats houleux sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale ont donné lieu récemment à de nombreux échanges de noms d’oiseaux souvent très médiatisés. Les propos d’Aurélien Saintoul, traitant le ministre du travail d’«imposteur» et d’«assassin», ont ainsi été particulièrement critiqués, jusqu’au sein de la Nupes, au point que le député LFI a dû présenter ses excuses. «L’Assemblée nationale doit être le lieu du débat, pas celui des injures», a alors déclaré la Première ministre dans un tweet. Cette séquence, qui fait suite à l’exclusion temporaire de Thomas Portes de l’hémicycle, n’est que le dernier épisode de disputes régulières entourant l’emploi de certaines invectives. Si la pratique de l’insulte en politique n’a rien de nouveau, elle alimente pourtant les discours récurrents sur «l’hystérisation» ou la dégradation des débats publics. Mais plutôt que de déplorer de tels usages de l’insulte, peut-on les interroger pour qu’ils nous disent quelque chose sur la politique, son fonctionnement, ses mises en mots