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TRIBUNE

Iran : la victoire du «réformateur» Massoud Pezeshkian, une vraie-fausse surprise électorale

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Le régime islamiste a-t-il orchestré l’élection d’un président paré des attributs réformistes ? Si le vainqueur du scrutin a fait campagne sur la nécessité de renouer avec l’Occident et la remise en cause de la stricte obligation du voile, on saura vite qu’elle sera sa marge de manœuvre, affirme le chercheur David Rigoulet-Roze.
Massoud Pezeshkian à Téhéran le 6 juillet 2024. (Atta Kenare/AFP)
par David Rigoulet-Roze, Chercheur à l'Iris
publié le 8 juillet 2024 à 14h03

Le théâtre d’ombres et de marionnettes relève d’une des plus anciennes traditions d’art du spectacle persan. Cela consiste en la mise scène et la manipulation de poupées cousues sur des modèles auxquelles on attribue la parole, et se pratique au crépuscule ou dans une pièce obscure agrémentant des «jeux d’ombres» manipulé par un «ombrageur».

L’élection présidentielle iranienne du 5 juillet a été remportée par le «réformateur» Massoud Pezeshkian – surnommé «docteur» car chirurgien de formation – avec 53,6 % des voix (soit 16 millions d’électeurs sur 30 millions de votants, et une hausse de la participation de 10 points par rapport au premier tour). Et ce, au détriment de son rival ultraconservateur, Saïd Jalili, crédité de 44,3 % (13 millions de voix) alors que mathématiquement ce dernier était théoriquement susceptible de l’emporter – en ralliant l’électorat de Mohammad Ghalibaf crédité de 3 millions de voix au premier tour. Au vu des résultats du second tour, la question de savoir s’il ne s’agit pas finalement d’une «vraie-fausse surprise» mérite d’être posée.

Le Guide suprême, Ali Khamenei, avait appelé, avant le premier tour, «à une participation élevée», en insistant sur son importance car faisant «la fierté de la République islamique» : «La République islamique, comme so