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TRIBUNE

Islamophobie, histoire d’un déni

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Le meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée le 25 avril a relancé le débat sur le terme «islamophobe». Pour le doctorant Denis Carlier, le refus de nommer le racisme antimusulman s’inscrit dans une critique conservatrice plus large du vocabulaire de lutte contre les discriminations, où nommer les choses devient un geste politique.
A Paris le 1er mai, lors d'une manifestation d'hommage à Aboubakar Cissé, Malien et musulman de 22 ans tué à la mosquée de La Grand-Combe (Gard). (Ian Langsdon /AFP)
par Denis Carlier, doctorant en histoire et en science politique
publié le 5 mai 2025 à 17h00

Le même mensonge, encore et encore : le terme d’islamophobie aurait été «inventé il y a plus de trente ans par les mollahs iraniens». L’affirmation est fausse mais Manuel Valls et d’autres la répètent depuis 2013. Ce déni de l’existence d’un racisme antimusulman choque particulièrement ces derniers jours, après le meurtre d’Aboubakar Cissé, 22 ans, qui avait pour seul tort d’être musulman.

Comme l’a montré le chercheur espagnol Fernando Bravo López en 2010, qui a mené la première étude sur le mot, les «mollahs» en question sont l’africaniste Maurice Delafosse et l’employé du mini