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TRIBUNE

Israël-Palestine : tenir deux compassions dans un même cœur, est-ce devenu une utopie ?

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Juive par son père, une enseignante et mère de famille témoigne de son admiration pour ceux qui, là-bas, composent avec cette réalité, acceptent de se parler sans s’aimer, loin des pulsions guerrières et des bons sentiments.
Lors d'une manifestation exigeant la fin de la guerre et la libération des otages détenus par le Hamas, et contre le Premier ministre Nétanyahou, à Tel-Aviv, le 5 juillet 2025. (Ohad Zwigenberg/AP)
par Annabelle Mimouni, enseignante
publié le 7 juillet 2025 à 10h47

Je suis d’origine juive, par mon père seulement, donc je ne le suis pas vraiment. Pourtant, je suis attachée à Israël parce qu’une grande partie des miens y vit et parce que j’ai vu mon père aimer ce pays de toutes ses forces comme un refuge contre une haine protéiforme et millénaire.

Je travaille en éducation depuis vingt-cinq ans et j’ai toujours cru qu’en apprenant et en comprenant, on pouvait évoluer et guérir de tous les maux. Certains jours, c’est un immense constat d’échec.

J’ai traversé la journée du 7 octobre 2023 et les suivantes à la dérive. Les assauts du Hamas, puis l’enlèvement des otages. Ma famille paternelle dans un kibboutz, sous les tirs, finalement sauve. Ma famille dans le nord, déplacée. Des parents et leurs enfants massacrés dans des conditions inimaginables. Puis, il y a eu le bombardement sans retenue de Gaza. Le décompte insensé des morts, une population très jeune, brinquebalée comme un objet sans valeur.

Parallèlement, la montée fulgurante des actes antisémites en France. Le 13 octobre, l’assassinat au couteau de Dominique Bernard dans un lycée d’Arras. Puis les choses se sont enchaînées :