Le conflit israélo-palestinien donne lieu à des controverses publiques partout dans le monde, des manifestations de rue et des tensions politiques qui n’ont pas d’équivalent. Cela ne date pas de l’affrontement en cours, dont la violence extrême n’explique pas à elle seule l’ampleur et l’intensité des réactions de soutien ou de condamnation.
Cette guerre est locale, régionale dans une certaine mesure, mais elle résonne comme aucune autre, au point que l’on peut la dire «mondialisée». De la Tchétchénie à la Syrie, de l’Afghanistan à la RDC : aucun de ces conflits, en dépit de leur très lourde létalité, n’a occupé une place équivalente sur la scène publique, si ce n’est la guerre en Ukraine (éclipsée par celle de Gaza) en Europe.
Pour certains, l’hostilité aux Juifs est le principal facteur explicatif. Il est incontestable que d’authentiques antisémites cachent leur haine des Juifs derrière le masque d’une critique politique. Il est tout aussi incontestable que la confusion entre Juif, Israélien et sioniste est soigneusement entretenue des deux côtés, tant par les antisémites que par la propagande israélienne. Pour autant, cette critique politique est majoritairement portée par des courants tout à fait honorables, qui voisinent, de fait et sans le vouloir, avec d’autres qui ne le sont pas. La conscience de cette réa