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«J’adore la bagnole» : un Président ne devrait-il vraiment plus dire cela ?

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L’automobilisme à la papa est mort. Mais on ne peut dire stop à la voiture du jour au lendemain, tant on a soutenu par le passé l’usage de l’automobile, dont dépendent aujourd’hui de très nombreux Français, soutient Mathieu Flonneau, historien des mobilités et de la civilisation routière.

L’automobilisme à la papa, celui du temps de Trente Glorieuses, où moderniser le pays signifiait creuser des tunnels et tracer des autoroutes, est clairement mort. Mais on ne peut changer de modèle n’importe comment. (Hugo Clarence Janody/Hans Lucas)
Par
Mathieu Flonneau
Historien des mobilités et de la civilisation routière, enseignant-chercheur à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, directeur de l’Institut AES-EDS
Publié le 30/09/2023 à 8h00

Au risque de passer pour un président velléitaire, Emmanuel Macron doit être bien conscient des implications que suppose sa formule «la bagnole, je l’adore !» prononcée au journal télévisé du soir ce premier dimanche d’automne. Pour certains, ce propos à l’emporte-pièce rappelle celui du président Georges Pompidou (1969-1974), parmi d’autres plus lapidaires encore, tellement injustement caricaturé qu’a priori rien ne saurait le rattraper.

Ce procès en indignité est pourtant excessif : il est absurde et nihiliste d’y voir d’emblée la ruine et la disqualification générale de l’effort gouvernemental de planification écologique, alors que l’écologisme idéal rêve de ruptures indolores. Emmanuel Macron propose aussi d’agir sur la transition en misant sur la sobriété ou la mise à niveau de l’offre d’infrastructures lourdes de transports publics comme les RER métropolitains.

Sur l’auto, notre analyse est différente de celle du chœur des ironiques : elle se veut plus réaliste et portée par la longue durée des transitions qui, dans une société dont l’ambition devrait être de demeurer démocratique, ne peuvent pas être des ruptures violentes. L’automobile – et le vocable compte : svp, ne parlez pas de la «bagno