Menu
Libération
tribune

«J’ai appris à aimer Boualem Sansal, ce réfractaire doux, cet anar céleste», par Jean-Marie Laclavetine

Réservé aux abonnés

La défense de l’écrivain a été – en partie – accaparée par des gens qui célèbrent en lui exclusivement l’anti-islamiste convaincu, déplore son ami et éditeur chez Gallimard Jean-Marie Laclavetine. Son emprisonnement prouve qu’il a dénoncé avec une égale vigueur la trahison par le pouvoir algérien des idéaux de la guerre d’indépendance.

L'écrivain Boualem Sansal, à Boumerdès (Algérie), en 2015 (Ferhat Bouda/VU)
Par
Jean-Marie Laclavetine, écrivain et éditeur
Publié le 04/09/2025 à 16h04

L’arrestation de Boualem Sansal en novembre dernier a suscité d’innombrables commentaires. Des réactions légitimes d’indignation, de révolte, de colère, de tristesse, d’inquiétude, d’incompréhension, mais aussi des réactions embarrassées ou sinueuses à gauche, des tentatives de récupération éhontées à droite et à l’extrême droite. L’ancien eurodéputé Karim Zéribi, fidèle zélateur du président Tebboune, est allé jusqu’à réclamer pour Sansal le bannissement à vie ou la déchéance de nationalité. Sur les réseaux, beaucoup se réjouissent ouvertement de son emprisonnement, comme s’il l’avait tout simplement bien mérité.

J’ai la chance d’avoir accompagné Boualem Sansal de livre en livre chez Gallimard depuis la lecture éblouie de son premier roman, le Serment des barbares dont j’ai reçu le manuscrit en 1999. Ce fut dès lors un dialogue ininterrompu, jusqu’au 16 novembre 2024. J’ai appris à aimer cet homme, ce réfractaire doux, cet anar céleste dont l’intelligence crépite comme un feu.

Rien ne peut justifier le silence imposé à un écrivain pour le seul motif de ses opinions. Rien ne peut justifier