J’ai quitté la bande de Gaza un mois avant le démantèlement des implantations israéliennes en 2005. J’étais supposé revenir un an après, au terme du programme d’échange culturel avec les Etats-Unis dont je bénéficiais. Même si, à l’époque, l’incertitude sur l’avenir était immense, le retrait des colonies israéliennes avait suscité un optimisme manifeste : de grands espaces s’ouvraient pour les Palestiniens, et tout cela initiait une ère nouvelle dans notre histoire compliquée et troublée.
La fin des années 90 fut le sommet de l’optimisme palestinien quant à un futur meilleur conduisant à un Etat souverain. Gaza disposait d’une zone industrielle au nord, d’un développement économique impressionnant, d’un aéroport quasiment neuf que j’avais moi-même utilisé deux fois, de plans pour un futur complexe portuaire et d’accès faciles vers la Cisjordanie et vers Israël.
Tout cela a été ruiné par la décision d’Arafat de lancer la deuxième Intifada en 2000, laquelle Intifada a été ensuite militarisée par le Hamas, ouvrant à cette organisation et à sa violence une occasion unique de se déployer. En 2006, le Hamas a gagné les élections législatives à Gaza. Ce territoire a été transformé en une forteresse isolée et ses habitants en otages d’un vain projet de