Je fais partie des 2 000 personnes qui ont écrit à Judith Godrèche, même si je n’ai jamais fait de cinéma. Qui se sont reconnues dans son histoire. Dans le Consentement de Vanessa Springora. Et dans le témoignage d’Isild Le Besco qui dit qu’«une emprise engendre d’autres emprises», surtout quand la première commence à l’adolescence. Pour moi, ce prédateur sexuel, c’était un enseignant. Mon prof de littérature au lycée. J’avais 16 ans, il en avait 34.
Il a profité de ma passion pour la littérature, pour patiemment, à grand renfort de convocations en tête à tête dans sa salle de classe puis en dehors du lycée, d’échanges de livres, de promotion au grade de nounou de ses gamins sans que je ne demande rien, installer une emprise sur moi. J’étais anorexique et j’avais du mal à me remettre de la rupture avec mon premier amoureux. Je n’avais pas de repères stables autour de moi, si ce n’est lire, aller en cours et me projeter dans des études de littérature.
Ses attentions avaient maintenant un prix
Il faisait son show en classe, se mettait en scène comme un héros contrarié, un rebelle qui nous faisait l’honneur de sa présence dans le système éducatif, qui emmerdait la morale. Il portait toujours des jeans moulants et mettait s