J’aurais pu être assis dans cette voiture, à côté de Pierre Palmade. J’aurais pu, si je n’avais pas eu la chance de prendre les bonnes décisions, de faire des rencontres essentielles et de bifurquer à temps, sans avoir peur de la liberté de me sauver. Un combat qui m’a mené à une vie en retrait, dans la cordillère des Andes colombienne, au milieu des chênes et des oliviers, qui prennent soin de moi à mesure qu’ils grandissent.
Il y a dix ans que je suis un poly-addict abstinent, ce qui veut dire que je suis chaque jour en train de me soigner – en espagnol on dit joliment «en recuperación». Je reviens de très loin, de l’enfer quasiment innommable des addictions multiples, et je me suis sevré juste avant l’arrivée du chemsex. Pierre Palmade n’a pas eu cette chance. Il a eu peur, et, vaincu par elle, il a continué à s’enfoncer, sans que personne ne puisse rien pour lui. La violence de ce drame qui a détruit une famille en une fraction de seconde a permis de lever d’un coup un verrou solidement enfoncé : le tabou de l’addiction à la cocaïne, sa banalisation et surtout sa récente démocratisation dans toutes les couches de la société, avec ses effets sournoisement ravageurs.
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Mais cette affaire n’a pas vraiment permis de comprendre en profondeur ce dont il s’agit réellement