Je sais, il a l’air cool et sympa Jordan Bardella sur TikTok. Il mange des bonbons dans les coulisses de ses interviews, fait tomber la veste en plein meeting et il se rend dans les villes de la ruralité délaissée. Il est jeune en plus, 28 ans seulement, il présente bien avec sa coupe en brosse et il est… souriant. Dans un documentaire diffusé sur Arte, intitulé La jeunesse n’emmerde plus le RN, un fan affirme : «Il a quand même la notoriété d’un mec de télé-réalité.»
Car Jordan Bardella, c’est 1,3 million d’abonnés sur le réseau social, ce qui en fait l’un des hommes politiques français les plus suivis, juste derrière Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Le protégé de Marine Le Pen joue de tous les codes de notre époque : la mise en scène de soi, les montages dynamiques avec sous-titres, la pseudo-proximité avec le public et il surfe, bien sûr, sur toutes les polémiques pour alimenter son discours anti-immigration. Puisque nous avons laissé les plateformes numériques sans régulation et puisque les médias ont contribué à banaliser l’extrême droite, Bardella est omniprésent.
Les algorithmes plongent ses fidèles dans une boucle sans fin de contenus qui alimentent les peurs profondes et irrationnelles, les analyses factuellement erronées, les idéologies racistes et masculinistes – car les deux sont combinées –, à coups de fake news et de révisionnisme. C’est un piège tendu p