Lorsqu’on rencontre une personne pour la première fois, après le prénom, le réflexe est souvent de demander sa profession. Habitus pavlovien de nos sociétés occidentales, où chaque individu est réduit à sa fonction, à son rôle économique. Signe de la proéminence de l’économisme de nos sociétés, qui infuse tous les aspects de notre existence, nos débats publics sont saturés de discussions interminables sur la dette publique, les coupes budgétaires, les investissements à privilégier, les rendements attendus, la consommation des ménages… Dites-moi combien vous gagnez, et je vous dirai où vous vous situez dans l’échelle sociale.
Avant d’être français, gardiens d’un pacte social, défenseurs d’un destin commun, nous sommes avant tout perçus comme des agents économiques dictés par une logique froide et calculatrice. Cette machine économique, omniprésente, s’infiltre même dans nos processus électoraux, réduisant nos choix à une question de conformité avec les exigences des marchés financiers et des institutions supranationales. La dernière campagne législative en est un exemple éclatant, où l’on nous a demandé de voter en fonction des contraintes budgétaires dictées par l’Union européenne. Encore une fois, nos institutions démocratiques se plient aux exigences de l’économie.
La réponse est répétée depuis des décennies par les Français : le pouvoir d’achat
Que l’on approuve ou non cette réalité crue, Homo economicus se doit de travailler, générer des revenus, consommer, investir, s’endetter, rembourser, procréer. S’écarter de ce schéma, c’est risquer l