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TRIBUNE

Je suis lesbienne, j’ai 36 ans et j’ai encore du mal à le dire, par Blandine Parchemal

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A l’occasion de la Journée de la visibilité lesbienne du 26 avril, Blandine Parchemal, future directrice d’hôpital, témoigne de sa difficulté à affirmer son orientation sexuelle dans son parcours professionnel, jusqu’à aujourd’hui.
Marche des fiertés à Paris, le 4 juillet 2020. (Marie Rouge/Libération)
par Blandine Parchemal
publié le 26 avril 2025 à 7h29

Jusqu’ici, je n’ai jamais osé, dans mes emplois respectifs, affirmer mon orientation sexuelle. Au mieux, je m’arrangeais pour être floue ou pour utiliser des tournures de phrases neutres. Pis, j’ai souvent prétendu avoir un copain, et alors s’ouvrait devant moi le long chemin de tout accorder au masculin et de faire attention à chaque chose personnelle que je pouvais raconter. Cela paraissait tellement plus simple, plus attendu et, en même temps, si complexe au quotidien. Même quand j’ai dû évoquer à ma hiérarchie mon parcours PMA pour justifier mes absences, j’ai dû rester évasive et alors, naturellement, on m’a demandé des nouvelles de mon mari ou de mon copain.

Au départ, le mensonge est surtout une protection. Quand on commence à occuper un poste, qu’on rencontre de nouvelles et nouveaux collègues, une autre hiérarchie, on ne sait pas leur degré d’ouverture, leur position face à l’homosexualité. Le dire, c’est prendre un risque. Puis, une fois installé, il devient très difficile de se défaire de ce mensonge. Le coming out n’en devient que plus compliqué et moins naturel. Ce n’est qu’après avoir quitté mon poste que j’ai souvent réussi à le dire aux collègues avec lesquels j’avais noué des liens d’amitié.

Vous me direz : «Pourquoi vouloir le dire, après tout, c’est personnel, et les collègues n’ont pas besoin d’être au courant.» C’est vrai, mais le revers de cette position, c’est de se taire, de laisser les autres raconter leurs histoires lors des pauses-café, des re