Le rôle de Jean-Marie Le Pen (1928-2025) «relève désormais du jugement de l’histoire», a communiqué l’Elysée, le 7 janvier, en réaction à la mort du vieux tribun d’extrême droite. Manière expéditive et peu courageuse d’esquiver l’héritage politique du personnage, confié à la sentence des historiens du futur. Ce qui, en bon français, s’appelle «s’en laver les mains». A coup sûr, ce jugement à la Ponce Pilate aurait chagriné Paul Ricœur (1913-2005), pourtant revendiqué par Emmanuel Macron comme une figure intellectuelle de référence. Le philosophe de la Mémoire, l’Histoire, l’Oubli n’a-t-il pas mis en garde contre les dangers d’une conception de l’histoire réduite au rôle de tribunal ? N’a-t-il pas plaidé pour une histoire pensée avant tout comme un espace de compréhension, de discussion, loin de toute posture moralisante ? Emmanuel Macron devrait savoir que l’histoire est écrite par les historiens, mais que les historiens ne sont pas des juges.
Si, en suivant la logique présidentielle, les générations futures devaient rendre un verdict, le banc des prévenus ne saurait se limiter au seul Jean-Marie Le Pen. Avec lui comparaîtraient les ombres du premier septennat mitterrandien, figures de droite et de gauche, appelées à s’expliquer sur l’ascension vertigineuse d’un Front national passé de 0,2 % des suffrages en 1